Tout le monde à droit à un vélo qui roule… mais je ne peux pas servir tout le monde !
Mais pourquoi donc ? À la sortie du confinement, beaucoup de français se sont mis ou remis au vélo. Un effet d’entraînement qui amène une hausse d’environ 60 % de la pratique ces derniers mois en France ! Enfin! Et le gouvernement a appuyé la tendance en proposant une prime de 50€ pour chaque vélo réparé (j’adhère à ce dispositif). Chouette ! Dès lors, les réparateurs se sont retrouvés débordés, alors même que nous étions déjà en sous effectif auparavant ! Pas cool …
Pour ma part, j’estime réussir à répondre à 15 % à 20 % des demandes locales de réparations, avec des délais excédent parfois 6 semaines. Ma capacité de réparations par semaine est de 6 à 8 vélos programmés + une dizaine en dépannages express. Je fais de mon mieux, sachant que j’ai choisi de ménager ma monture et aussi d’être présent pour ma famille.
À défaut d’une meilleure organisation, je remplis le planning de l’atelier comme ceci : j’ouvre une « session diagnostic » pendant X jours (après vous en avoir informé-e par affichage sur ma devanture et sur mon site internet), jours durant lesquels chacun-e peut venir me présenter son vélo et ses besoins. Nous estimons donc ensemble les travaux à entreprendre et j’en estime le coût. Nous programmons alors l’intervention, par ordre d’arrivée et si possible d’urgence. Quand j’ai rempli 5 semaines d’atelier environ, je clos la « session diagnostic » (elles sont donc plus ou moins longues).
Pourquoi 5 semaines et pas plus ? Car au-delà de ce délais, les chances que le planning se « dérègle » sont trop fortes. Et oui, entre les pièces qui n’arrivent pas toujours à temps, le temps de travail difficile à prévoir sur un vélo, et pour peu que j’ai un empêchement (problème de santé par exemple) je suis souvent amené à prendre du retard ! Je prévois donc une semaine tampon en sixième semaine. Puis j’ouvre une nouvelle « session diagnostic », et ainsi de suite.

La tendance ? Pour moi, quand on a goûté au vélo du quotidien, on y reste ! Mon sentiment est que la tendance va perdurer. Il faudra alors compter sur VOUS, CYCLISTES, pour faire preuve de patience, d’indulgence envers vos vélocistes et de prudence quant à l’état mécanique de votre monture !
Alors comment faire ? Dans l’absolu, je pense que nous allons devoir nous habituer au fait que le monde change vite, et qu’il faut d’autant plus réfléchir nos envies, nos achats et nos besoins. Trouver des plans B, voir C ; auto-réparer, s’entraider ; faire comprendre à nos jeunes que la filière « mécanique vélo » est valorisante et pleine d’avenir(!) ; prévenir plutôt que guérir, donc anticiper et régulariser les entretiens ; etc. Toutes ces pratiques nous aideront aussi à participer à ce changement de paradigme, afin de ne pas le subir, et ainsi à développer notre capacité de résilience !
En bref, l’immédiateté du service vélo, ce n’est pas pour demain, même qu’on s’en éloigne. Je vous laisse juger par vous-même si c’est un mal ou un bien 😉
Portez-vous bien et restez prudent-e !